
Depuis quelques années, les employeurs font face à une réalité troublante : les employés de la génération des Milléniaux (nés entre 1980 et 1995) ont une conception de la loyauté bien différente des générations précédentes et ils sont susceptibles de changer d’emploi tous les deux à cinq ans. Bien que la situation comporte ses avantages et ses inconvénients, on ne peut négliger un des effets qu’elle entraîne : les employés boomerang.
Les employés boomerang sont ces personnes qui quittent leur emploi, travaillent ailleurs pendant quelques années, puis renouent avec leur ex-employeur. Il s’agit sans conteste d’une tendance à la hausse qui s’explique par différents facteurs. Certains retournent aux études pour acquérir de nouvelles compétences afin de progresser plus rapidement dans leur carrière. D’autres prennent un congé de quelques années pour des raisons personnelles : se consacrer par exemple à la réalisation d’un projet créatif, aux enfants ou aux parents âgés. Parfois, les gens veulent simplement explorer de nouvelles fonctions ou une nouvelle industrie qui pourraient correspondre davantage à leur personnalité ou à leur ambition. Quoi qu’il en soit, ces employés décident souvent de revenir à leur ancien emploi s’ils en ont l’occasion.
Auparavant, quitter un emploi signifiait la fin d’une relation de travail, mais aujourd’hui, les gens maintiennent des liens avec leurs anciens employeurs et collègues. Les médias sociaux sont au nombre des facteurs ayant facilité l’émergence des employés boomerang. LinkedIn, par exemple, donne aux employeurs la possibilité de réembaucher un ancien travailleur et aux anciens employés un moyen facile d’accéder à leur ancien lieu de travail.
Comme pour la plupart des pratiques de recrutement, il y a du pour et du contre à réembaucher d’anciens employés. Faire le tour du sujet peut aider les gestionnaires d’embauche à prendre la bonne décision.
Devriez-vous engager un ancien employé? Voici un aperçu de la question.
Les points positifs
1- L’embauche d’un ancien employé s’avère une bonne pratique c’est pourquoi de nombreuses entreprises l’adoptent. Une étude a démontré qu’une majorité considérable des employeurs, soit 76 %, était plus favorable aux employés boomerang qu’au cours des années précédentes. L’attitude positive à l’égard du phénomène témoigne de son succès.
2- Embaucher des employés boomerang est moins risqué. Un ancien employé est déjà familier avec la culture de l’entreprise et s’adaptera probablement mieux. Sans oublier qu’une personne bien intégrée dans son milieu de travail et qui a démontré une bonne attitude dans le passé le sera tout autant dans ses nouvelles fonctions. Ce n’est pas une garantie, mais une personne qui connaît déjà l’entreprise constitue certainement un avantage.
3- Un ancien employé est moins coûteux à former. Songez au temps et à l’énergie consacrés à la formation d’un nouveau membre de l’équipe : c’est un effort considérable. Un employé boomerang connaît la chanson et peut se mettre au travail rapidement alors qu’un nouveau venu devra prendre le temps de s’adapter avant que vous voyiez les résultats. Comme dit le dicton, « le temps, c’est de l’argent », et les employés boomerang prendront certainement moins de temps pour s’installer dans leur nouveau poste.
4- Les anciens employés reviennent parfois avec plus de bagage. Après avoir quitté un emploi, ils se sont dotés de nouvelles compétences, poursuivi leurs études ou acquis une expérience professionnelle différente. Cette expérience acquise peut être très précieuse. Recruter d’anciens employés peut donc être une façon d’accroître les compétences de votre équipe sans les risques associés à l’embauche d’un inconnu. Autrement dit, vous embauchez quelqu’un qui est digne de confiance et qui bonifie l’expertise d’un poste.
Les points qui le sont moins
1- Un employé boomerang est familier avec la culture de l’entreprise, mais qu’en est-il lorsque celle-ci a changé? Il n’est pas garanti qu’il s’entendra bien avec ses nouveaux collègues, politique et culture d’entreprise, etc. Côté intégration, il arrive qu’un ancien employé ait autant besoin de formation qu’un nouvel employé, ce qui ne permet pas à l’employeur de réduire ses coûts. Sans compter qu’il peut être moins enclin à suivre une formation qu’un nouvel employé.
2- Généralement, les employés boomerang retournent dans une entreprise qu’ils ont quittée sur une note positive; autrement, il y a des chances que leur départ ait laissé une mauvaise impression. Dans certains cas, le retour d’un employé boomerang provoque du ressentiment chez ses anciens collègues, surtout si ceux-ci occupent toujours le même poste et que la personne réembauchée revient avec de meilleures conditions. Il est important de réintroduire un employé avec tact pour éviter de susciter des sentiments négatifs au sein du groupe.
3- Pensez au coût d’opportunité potentiel dans le cas où vous embauchez un ancien employé parce que vous avez une relation avec lui plutôt que d’embaucher la meilleure personne pour le poste. Bien sûr, embaucher quelqu’un que vous connaissez est généralement plus facile et prend moins de temps que l’embauche d’un étranger, mais vous pourriez passer à côté de quelqu’un de plus qualifié simplement pour économiser du temps et de l’énergie.
Comme pour tout ce qui se rapporte au recrutement, il est important de garder à l’esprit les pratiques exemplaires lorsqu’on évalue chaque situation. Les gestionnaires d’embauche doivent déterminer si un ancien employé s’avère le meilleur candidat possible pour le poste, et pas seulement le plus facile à embaucher. Quelques questions à se poser : cet employé était-il une perte critique lorsqu’il est parti? Quels aspects positifs a-t-il apportés à l’entreprise et qu’apportera-t-il s’il est réembauché? A-t-il eu une bonne attitude et s’entendait-il bien avec les autres?
C’est peut-être moins long de réembaucher un ex-employé, mais on doit quand même étudier son cas et prendre le temps de s’assurer qu’il s’intègrera bien.
La tendance des employés boomerang se maintiendra car les gens ont plus d’occasions de changer d’emploi facilement, ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose. Le phénomène n’est ni bon ni mauvais, seulement différent, et les recruteurs et gestionnaires d’embauche s’en tireront bien s’ils s’adaptent à cette nouvelle ère en gardant l’esprit ouvert.