Montréal peut-elle reconquérir sa position de pôle technologique de premier plan?

Éducation abordable, bilinguisme, multiculturalisme, créativité — voilà des qualités dont Montréal peut s’enorgueillir sans complexe et qui pourraient expliquer l’abondance de talents en technologie. Montréal est également l’une des villes les plus abordables en Amérique du Nord pour les entreprises technologiques en démarrage, la main-d’œuvre et les coûts indirects y étant environ deux fois moins élevés que dans la Silicon Valley. Pendant des années, la ville s’est forgé la réputation de pôle incontournable à force d’accueillir un nombre grandissant d’entreprises des secteurs de l’IA et des TI. Récemment, elle a quitté sa position enviable et commencé à glisser dans les rangs.

Selon l’entreprise de services immobiliers CBRE, qui classe les villes d’Amérique du Nord en fonction de leur capacité à attirer et à développer les talents dans le domaine de la technologique, Montréal occupe le 16e rang, soit un recul de deux positions depuis l’année dernière. Toronto, Vancouver et Ottawa sont en tête.

Même si la popularité de Montréal s’est légèrement essoufflée, cela ne veut pas dire qu’elle ne va pas rebondir de façon importante dans les années à venir.

« Je crois que le potentiel de notre ville dans le domaine de l’IA et des TI est encore incroyablement présent. Tant que les entreprises locales sont conscientes de ce glissement au classement, elles peuvent s’adapter en conséquence et attirer les meilleurs talents », déclare Karen Groom, fondatrice de l’une des principales agences de placement en technologie au Canada, Groom & Associés.

Les recruteurs de Groom & Associés possèdent une connaissance approfondie du monde de la technologie et entretiennent des liens étroits avec un réseau de contacts très spécialisé dans le secteur, ainsi qu’avec les cégeps et les universités. L’agence est reconnue comme pionnière dans le secteur du recrutement en TI, puisqu’elle est au service du monde de la technologie depuis plus de deux décennies.

Compte tenu de la concurrence croissante entre les villes nord-américaines, qui se disputent les meilleurs talents, Mme Groom et son équipe suggèrent aux entreprises en démarrage et aux entreprises bien établies de Montréal de réévaluer leur stratégie de recrutement et d’examiner attentivement ce qui suit. 

Promouvoir l’influence des projets

En quoi ce travail sera-t-il bénéfique pour l’environnement, la société dans son ensemble ou le domaine de l’intelligence artificielle? Ce sont là des questions que se posent de nombreux spécialistes des technologies lorsqu’ils évaluent les possibilités d’emploi. Ces experts très convoités cherchent plus qu’un simple emploi pour payer les factures; ils veulent savoir si leur travail a un sens.

Les entreprises doivent s’assurer de promouvoir l’importance et l’influence du projet donné si elles veulent attirer les meilleurs talents. Les responsables du recrutement, les recruteurs et les personnes chargées de la publication des offres d’emploi et des entretiens en ligne doivent garder cet aspect à l’esprit.

Peaufiner l’image de marque de l’employeur

La marque d’un employeur décrit la réputation d’un employeur en tant que lieu de travail et la proposition de valeur à ses employés. C’est également la façon dont une entreprise communique son engagement en matière de transparence, de travail d’équipe, d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et de diversité.

Les femmes, les personnes qui s’identifient comme des minorités raciales et les membres de la communauté LGBTQ doivent être absolument convaincus qu’ils seront respectés dans une entreprise donnée. La promotion de la diversité et de la tolérance est cruciale. Vous respectez sans doute vos employés et leur droit à une vie personnelle équilibrée, mais votre image de marque en témoigne-t-elle? Les entreprises devraient passer en revue leur site Web, leurs comptes de médias sociaux et les évaluations en ligne pour s’assurer que leur image de marque d’employeur est positive et cohérente.

Faire preuve de flexibilité en matière de télétravail 

Si la pandémie de Covid-19 nous a appris quelque chose, c’est que les employés sont parfaitement productifs — et souvent plus satisfaits — lorsqu’ils travaillent à distance. Même si les interactions en personne entre les employés peuvent augmenter les taux de rétention, le fait d’être astreint à un horaire de travail traditionnel de 9 à 17 heures au bureau pourrait repousser certains spécialistes très convoités. Les entreprises doivent déterminer le nombre d’heures sur place nécessaires pour évaluer les performances et renforcer l’esprit de camaraderie, mais offrir aux employés la possibilité de travailler à distance (au moins une partie du temps).

Présenter les parcours d’avancement possibles

Les jeunes développeurs et les ingénieurs en IA, tout particulièrement, cherchent souvent à savoir de quelle façon ils pourront gravir les échelons dans une entreprise. Les fonctions de gestion et de prospection de clientèle sont attrayantes pour de nombreux millénariaux. Les entreprises de Montréal pourraient envisager de créer des programmes de leadership et de mentorat pour les jeunes candidats avides de possibilités d’avancement. Une autre façon d’attirer le type de talent qui restera fidèle à l’entreprise pendant une plus longue période est de mettre l’accent sur la possibilité d’améliorer les compétences des employés par l’intermédiaire de cours et de formations complémentaires.

Encourager et gérer les évaluations en ligne des employés

Presque tous les candidats qui s’intéressent à un poste vont désormais analyser les évaluations en ligne d’une entreprise avant d’accepter une offre d’emploi. Des sites comme Glassdoor.com peuvent souvent donner au candidat une idée de la culture du lieu de travail.

Les entreprises en croissance devraient encourager leurs meilleurs employés à rédiger des évaluations positives quoiqu’honnêtes, mais surtout, à écouter leurs équipes et à essayer de créer un environnement de travail épanouissant pour le plus grand nombre.

Offrir des salaires concurrentiels

La réputation de Montréal, jadis perçue comme la Mecque bohème des loyers bon marché, s’étiole rapidement. À Montréal, et dans presque toutes les villes métropolitaines d’Amérique du Nord, le coût de la vie a grimpé en flèche alors que les salaires ont eu tendance à stagner. Si le salaire n’est généralement pas l’argument de vente numéro un pour un poste dans le secteur des technologies, les entreprises doivent néanmoins rester concurrentielles. Il faut envisager d’offrir des salaires comparables à ceux de villes comme Toronto ou Ottawa, au lieu de les fixer en fonction d’une idée perçue d’un coût de la vie peu élevé.

Pour Karen Groom, Montréal est encore en phase de croissance rapide et a de fortes chances de revendiquer le titre de chef de file du domaine des technologies. Pour elle, les loyers commerciaux moins chers de la ville et d’autres facteurs continueront d’attirer les talents et les entreprises en démarrage du secteur technologique pendant de nombreuses années.

« Une éducation dans une ville bilingue et multiculturelle, qui engendre des penseurs agiles et créatifs, a quelque chose de particulier. Montréal est spéciale — disons qu’elle a un je ne sais quoi — et je pense que les entreprises technologiques ont une chance de dominer la scène si elles jouent bien leur jeu. »